25 février 2007

Histoire de boilerplate ou quand les anglicismes sont ridicules...

Etant un amoureux inconditionnel du Québec et appréciant énormément la mentalité des gens qui vivent dans cette patrie "francophone militante", et même si tous, nous utilisons beaucoup trop d'anglicismes pour un québécois normalement constitué, de temps en temps il faut reconnaitre quand même que l'abus de mots anglais est mauvais pour la santé.

Dans un contexte professionnel, il faut néanmoins aussi admettre que certains mots ne peuvent être traduits et que l'utilisation de la langue anglaise est inhérente au travail quotidien. Cela dit, ca peut rapidement dégénérer... Poussé à l'extrême voila ce que cela peut donner, vous allez voir comme cela peut être ridicule.

Voici le contexte: je devais trouver, pour avancer dans un projet au boulot, un document que l'on ma présenté en le nommant "boilerplate". Je demande donc à une collègue si elle possède ce fichier Word au nom babare et peu clair pour le néophyte. Ne l'ayant pas elle envoie alors pour aider gentillement un message à deux personnes suceptibles de le posseder. S'en suit une chaine de mails - Oups, en parlant d'anglicismes, en voilà un beau, bon, on va mettre courriels sinon un certain Michel va entrer dans une colère effroyable -, donc de courriels, voilà ce que ca a donné:

1er message: "Chers amis, Jules recherche un boilerplate. Auriez-vous cela en magasin ? Merci !"

Réponse d'un de ses interlocuteurs, censé avoir la bestiole tant convoitée: "Au risque de passer pour une grosse buse, pourrais-tu m'indiquer ce qu'est un boilerplate ?? Un template pour un flyer ? Un blueprint pour un white paper ? moi aussi je peux caser des mots anglais pour faire hype..."

Déjà la personne censée avoir ce document ne savais même pas ce que c'était du à la dénommination du dit document. Et ensuite, voilà les différentes réponses qui ont circulé:
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"boilerplate - n. texte standard, document de base, document prêt à imprimer (Presse); coque de métal recouvrant les chaudières. Je crois que c’est plutôt cela non ?"

"Messieurs, je vous invite à accepter les divergences de notre collègue. Si le bonheur de sa vie est de collectionner les coques de métal recouvrant les chaudières, qui sommes-nous pour juger ?"

Arrivé à ce point la situation était déjà assez caustique, puisque évidemment, le boilerplate recherché vous l'aurez deviné, est le document prêt a imprimer. Va deviner que c'est également un élément de chaudière... Mais c'est là que tout bascule encore plus et qu'on peut voir qu'une utilisation de mots anglais à outrance est une hérésie totale et le ridicule qui s'installe quand l'abus est de mise. Tout ce qui suit relève du gag et les gens qui ont écrit ca l'on bien evidemment fait au troisième degré:

"Puisqu'il s'agit d'un boilerplate, peut-être faut il commencer par un Assessment sur les besoins de chauffage de Jules, débouchant sur un Gap Analysis, avant d'embrayer sur un Workshop de la chaudière. Afin de leverager le process, il me semble indispensable de créer une task force, mais dans un esprit transverse de virtual-team. Quant aux door openers, il faut faire attention de les utiliser avec parcimonie pendant que la chaudière est en fonctionnement, en raison des risques de retour de flamme, à moins qu'un Firewall n'ait été judicieusement bâti autour de la dite chaudière."

"Alors là, je m’outre car tu ne sembles pas avoir le buying des Bus concernées, donc ton compelling event has to be totally à reconsidérer…"

Voilà surtout ce qu'il faut probablement en tirer comme leçon: tous les mots employés sont évidemment justes mais on ne comprend rien. De plus, on en arrive même à ne plus savoir de quoi on parle et c'est grotesque, risible et absurde.

Je me souviens également encore de la collègue d'une amie a qui elle avait demandé un pupitre qui ne savait pas ce qu'était. Cependant, une fois la chose décrite la personne avait répondu: "Ha! Un paperbaord alors, c'est ca le mot, pourquoi tu demandes pas ?"... Comique... D'autant plus que la personne en question parle anglais comme les vaches espagnoles parlent biélorusse...

Pour conclure donc, n'allons pas jusqu'à dire qu'il faut françiser tous les termes anglais, parler de mercatique d'amont pour le marketing direct ou de patins à roues alignées pour des rollers est peut être un peu exagéré (cependant, les québécois le font, pourquoi pas nous) mais il est évident que nous devrions tous de temps en temps faire un effort pour défendre un peu notre belle langue française et éviter de tomber encore plus sous le joug de l'hégémonie américaine toute puissante (ami américain si tu lis ce texte ne va pas non plus penser que tu n'est pas le bienvenue ici, ce n'est pas du tout le cas). L'anglais c'est bien et il ne faut pas non plus tomber dans la résistance psychorigide, mais n'oublions pas que nous avons une langue riche et qu'il est necessaire de d'entretenir cette richesse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très sympa cette histoire, vraiment caustique. En plus je suis complètement dans ton cas, au boulot, et ça m'a permis de comprendre ce qu'était un boilerplate! Ah là là ces fashion victims...

Anonyme a dit…

Il existe le terme passe-partout pour désigner le boilerplate. Il semble, hélas, peu usité...